- Justine, pouvez-vous vous présenter?
Je m’appelle Justine Collas et je viens d’avoir 24 ans.
J’ai obtenu une licence de Lettres modernes avec mineure Littérature générale et comparée à La Sorbonne Nouvelle en 2020. Puis, toujours à La Sorbonne Nouvelle, j’ai terminé en 2022 un master de Littérature générale et comparée. Mes recherches portaient sur les relations entre humains et non-humains dans la littérature de l’imaginaire, sous la direction d’Anne-Isabelle François.
En parallèle de mes études, depuis plusieurs années, je travaille dans l’édition au sein de la maison d’édition Emmanuelle Collas, structure familiale, littéraire et indépendante, dont la ligne éditoriale, engagée et ouverte sur le monde, porte, entre intime et politique, sur les langues, les cultures et les thématiques contemporaines telles que la migration et l’exil, les femmes et le corps féminin, l’identité, l’appartenance et la citoyenneté – et bien d’autres encore.
- Quel est votre rôle au sein des Éditions Emmanuelle Collas ?
Le site internet de la maison d’édition indique que je suis « Éditeur junior – Relations extérieures ». Je suis en effet polyvalente comme l’exige une petite structure qui publie peu de livres et qui accompagne les auteurs au long cours. Avec Emmanuelle, je participe activement à la partie éditoriale (lecture des manuscrits, editing des textes, suivi de fabrication) et à la partie promotionnelle (services de presse journalistes, libraires, prix et festivals, accompagnement des auteurs, établissement des feuilles de routes – rencontres en librairies, invitations dans les festivals ou autres institutions).
- Vous avez participé activement à l'organisation de la conférence donnée par Djaïli Amadou Amal en novembre dernier, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Quand j’ai appris qu’Amal allait recevoir le doctorat honoris causa et que La Sorbonne Nouvelle souhaitait organiser une conférence autour des Impatientes et de Cœur du Sahel, cela m’a fait extrêmement plaisir.
En effet, si cela faisait quelques années que j’accompagnais la maison d’édition par des missions, c’est avec le premier roman d’Amal publié en France, Les Impatientes, que j’ai commencé à travailler à l’éditorial et à m’investir davantage dans la vie de la maison dans tous les domaines.
Ainsi, le doctorat honoris causa d’Amal me renvoyait-il à mes deux vies, ma vie étudiante et ma vie professionnelle.
Ce fut un événement particulièrement stimulant et émouvant. Et ce d’autant plus que l’œuvre d’Amal et son engagement contre les violences faites aux femmes, contre le mariage précoce et forcé, et pour l’éducation sont extrêmement importants pour toutes les générations. Le fait qu’elle ait reçu le Prix Goncourt des Lycéens 2020 est un puissant message de la jeune génération.
Savoir que l’université où j’ai fait mes études a travaillé main dans la main avec les éditions Emmanuelle Collas autour de ce combat pour les femmes, ça me donne beaucoup d’espoir pour l’avenir car c’est un symbole très fort.
- Vous venez d’entrer au conseil de l’UFR LLD, comment envisagez-vous votre rôle ?
Quand Anne-Isabelle François et Valérie Spaëth m’ont proposée de candidater, je n’ai pas hésité et je ferai de mon mieux pour mettre ma double expérience d’étudiante et de professionnelle de l’édition au service de l’université et des étudiants.
Je viens tout juste d’entrer au conseil et nous sommes à la fin de l’année scolaire, il est donc difficile de vous annoncer un projet clair et précis. Si je ne suis plus techniquement étudiante à La Sorbonne Nouvelle, j’adore « hanter les couloirs de la fac ». C’est pour moi une deuxième maison et j’aimerais que ce soit le cas pour tous les étudiants. Pour avoir échangé avec certains alumni ou nouveaux étudiants, cet objectif me semble atteint, mais est-ce le cas pour tous ? Peut-être est-il possible d’aller plus loin ? Si je devais choisir un cheval de bataille, je choisirais de leur faire bénéficier de mon expérience et de réfléchir avec le conseil sur la manière dont on pourrait encore améliorer leurs conditions d’études et notamment leur accompagnement au moment de leur entrée dans la vie professionnelle.
- Avez-vous des conseils à donner aux étudiant.es de la Sorbonne Nouvelle ?
Cela fait quelques années que les étudiants, toutes universités confondues, ont la vie dure.
Je me souviens de la chance que j’ai eue pendant la crise sanitaire de la Covid-19 d’être très bien accompagnée, aussi bien par ma mère que par ma directrice de recherche. Je sais que beaucoup d’étudiants n’ont pas eu la même opportunité pour différentes raisons. L’un des meilleurs conseils que je pourrais donner, c’est que, quelques soient les circonstances, ils ne doivent jamais hésiter à échanger avec quelqu’un (un professeur, un étudiant, un parent, etc.), à demander de l’aide, à parler de leurs doutes et à poser des questions. Il est très utile de trouver les soutiens nécessaires au cours de sa vie estudiantine, et en particulier dans les périodes difficiles personnelles ou collectives.
- Une anecdote à partager ?
Le jour où j’ai appris qu’Amal allait recevoir le doctorat honoris causa, coïncidence incroyable ! j’allais passer ma soutenance de M2. J’étais en train d’attendre dans le couloir avant d’entrer dans le bureau d’Anne-Isabelle François quand Valérie Spaëth, directrice de l’UFR LLD, entre dans son bureau juste à côté. Quelques instants après, elle en ressort et me demande si je suis bien Justine Collas. Je vous avoue que j’étais déjà très stressée, alors j’ai tout de suite imaginé le pire. C’est là qu’elle m’a annoncé, après m’avoir fait asseoir devant son bureau, la bonne nouvelle.
J’ai passé ma soutenance juste après, en essayant de faire abstraction de cette information pour ne pas oublier ce que j’étais en train de raconter. Dès que je suis sortie de l’université, soutenance terminée avec un grand sourire, j’ai tout de suite appelé Emmanuelle. Puis j’ai appelé Amal, qui était sur la route entre Douala au sud du Cameroun et Mayo Darlé au nord. Heureusement qu’elle avait du réseau ! Elle a poussé un tel cri de joie que son mari qui conduisait a failli faire une embardée. Ils n’ont pas eu d’accident, mais Baba, son mari, m’en parle encore aujourd’hui.
C’est une journée dont je me souviendrai toute ma vie, je pense – pour bien des raisons. Elle incarne pour moi la fin d’un cycle et le début d’un autre.
- Des projets pour l’avenir ?
Je continue la recherche en Littérature comparée, tout en travaillant dans la maison d’édition. Je joue avec cette double-casquette d’étudiante et de professionnelle, de chercheur et d’éditeur, même si ce n’est pas toujours évident. Nous avons un programme intense pour la rentrée littéraire 2023 et nous devons nous projeter sur le programme à venir. Certains titres, comme Nos destins sont liés de Walid Hajar Rachedi, qui sortira le 1er septembre, parleront aux étudiants, j’en suis sûre.
Crédits photo @FrancescoGattoni