ORGANISATRICE :

Jeanne Zaepffel

PRÉSENTATION :

Dans la lignée des travaux portant sur les processus de création scénique et de réécriture(s), cette journée d’étude se proposera d’interroger le processus de “renversement” par lequel metteurs en scène, dramaturges ou compositeurs, directeurs de théâtre et compagnies entreprennent de théâtraliser l’opéra par des modifications touchant à sa reconfiguration. Le concept de “renversement” sera compris comme l’établissement d’un nouvel équilibre entre jeu scénique et musique ou comme le retour de balancier du théâtral dans l’opéra. Cette réflexion se fonde sur la base d’une recherche doctorale consacrée aux créations lyriques de Peter Brook - La Tragédie de Carmen en 1981, Impressions de Pelléas en 1992, Don Giovanni en 1998, Une flûte enchantée en 2010 - qui constituent à nos yeux une  tétralogie emblématique de ce renversement de l’opéra vers le théâtre. A partir des œuvres Carmen de Bizet, Pelléas et Mélisande de Debussy, La flûte enchantée de Mozart, Brook et ses collaborateurs opèrent une série de transformations profondes : intrigue resserrée, nombre de personnages réduit, orchestre ramené aux dimensions d’un petit ensemble. Les voix, occupant autrefois le premier plan sont presque reléguées au profit du jeu et de la présence théâtrale. Ces spectacles sont joués au Théâtre des Bouffes du Nord et mis en scène  dans un espace « nu », qui tranche avec l’opulence des scénographies à l’opéra. C’est un renversement du genre de l’opéra vers le théâtre auquel nous assistons : aussi bien dans sa poétique que dans sa mise en scène. Ce renversement s’étend également au mode de  production lyrique qui s’inspire de la production théâtrale. Dans son théâtre, le metteur en scène privilégie de longues périodes de répétitions, de longues tournées en France et à l’international rémunérées selon les barèmes de salaires du théâtre dramatique. Le processus de renversement induit donc des réécritures, des nouvelles mises en scène et de nouvelles façons d’appréhender l’opéra, notamment d’un point de vue économique. Cette journée d’étude sera l’occasion de revenir sur l’histoire des formats opératiques réduits, motivés par  des choix esthétiques ou des impératifs économiques et leur place dans l’évolution de l’opéra. Ces créations dans leur diversité présagent- elles d’un autre futur pour cet art plusieurs fois séculaire ? Les contributions croisées entre musicologie, études théâtrales, dramaturgie, esthétique mais aussi d’économie du spectacle vivant sont particulièrement bienvenues.