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Vie des personnels

Rencontre avec Emmanuelle Attal, cheffe du Service Information, Orientation et Carrière (SIOEC)

le 21 octobre 2025

Après le bac, Emmanuelle choisit ses études un peu « par hasard » avant de devenir professeure de Sciences Économiques et Sociales, un métier qu’elle exercera avec passion pendant 25 ans. Lors de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, soucieuse de mieux accompagner ses élèves, elle se forme à la psychologie de l’orientation. Aujourd’hui cheffe du Service Information, Orientation et Carrière à la Sorbonne Nouvelle, elle poursuit le même objectif : aider les 15-25 ans à construire leur avenir.

Comment votre parcours après le bac vous a-t-il conduite vers votre vie professionnelle actuelle ?

Jusqu’au bac, j’étais une élève discrète, qui devait beaucoup travailler. Au lycée, j’ai pris conscience du décalage culturel que je ressentais, et du rôle que l’école jouait pour le combler. Je reste encore aujourd’hui un peu fascinée par l’école qui fut pour moi un espace d’ouverture et d’émancipation.

J’ai commencé mes études par un DEUG (Diplôme d'Etudes Universitaires Générales) de Mathématiques Appliquées puis vers des Sciences Sociales. Par la suite, j’ai choisi de me diriger vers l’enseignement, j’ai passé le CAPES et suis devenue professeure de Sciences Économiques et Sociales. J’ai enseigné pendant 25 ans au lycée.

Mon parcours professionnel a été rythmé par plusieurs mobilités, d’abord géographique : j’ai passé dix années à Mayotte, une expérience intense et très enrichissante, car la vie quotidienne et les conditions d’enseignement y sont vraiment différentes. J’ai également enseigné au lycée français de Tunis, puis j’ai profité de mon retour en France pour m’inscrire en master de psychologie de l’orientation au CNAM, tout en poursuivant mes fonctions d’enseignante.

L’envie de mettre en pratique mes nouvelles compétences et d’accompagner l’orientation a été suffisamment forte pour me faire quitter ma salle de classe. Ce n’a pas été facile : je savais que j’aurais du mal à renoncer à la relation prof/élève et aussi aux SES, discipline si riche et vivante et si facile à faire aimer aux élèves.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à l’orientation et à accompagner les jeunes dans leurs choix d’études et de vie ?

En revenant dans l’hexagone, j’ai été frappée par le tournant pris par l’orientation post-bac avec la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. Professeure principale en terminale depuis toujours, j’ai très vite perçu un problème de fond : de profondes inégalités dans l’accès à l’information et dans les processus de choix d’études supérieures.

Les professeurs principaux étaient désormais en première ligne et la plupart d’entre eux, qui n’avaient pas bénéficié d’une formation spécifique, se montraient parfois réservés face à l’exercice de ces nouvelles responsabilités. C’est dans ce contexte que j’ai rejoint le Service Académique d’Information et d’Orientation du rectorat de Créteil, où j’ai exercé pendant quatre ans en contribuant à la formation des enseignants sur les questions d’orientation. Cette expérience a été enrichissante, même si elle comportait certaines limites.

C’est pourquoi j’ai choisi de poursuivre mon chemin professionnel autrement.

Qu’est-ce qui vous a amené à la Sorbonne Nouvelle et en quoi consiste les missions de votre service ?

Alors que je m’apprêtais à retrouver mon poste d’enseignante et mes chers élèves, une amie m’a parlé d’un poste à la Sorbonne Nouvelle. J’ai postulé.

Mon parcours a dû convaincre puisque l’on m’a fait confiance. J’ai rejoint le Service du Service Information, Orientation et Carrière (SIOEC) au sein de la DFTLVIP en mai 2024. Encore une fois, je ne m’éloignais pas trop des élèves mais cette fois, ils avaient un peu grandi et étaient devenus des étudiants.

En tant qu’enseignante, on est seul face à la classe et toujours un peu dans l’improvisation, avec une grande liberté. Depuis un an et demi, au sein de cette direction et auprès de l’équipe du SIOEC, je découvre de nouveaux aspects du management, de l’univers universitaire et de l’accompagnement. C’est un environnement stimulant, où j’apprends tous les jours.

Ici, j’apprends le travail d'équipe, la gestion des dynamiques collectives, et les défis quotidiens que pose le management, rôle dans lequel j’essaie de rester fidèle à moi-même. J’ai eu la chance de croiser, dans ma carrière, des responsables inspirants : leur manière de faire m’accompagne aujourd’hui et me guide dans cette fonction.

Ce qui me porte, c’est toujours la même chose : la transmission, en particulier auprès des 15-25 ans. C’est un public que j’accompagne depuis toujours, avec leur énergie, leur potentiel, leur vulnérabilité... ils sont une source constante de motivation. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons une responsabilité envers ces adolescents et jeunes adultes : celle de rester optimistes, de croire en leur capacité à construire leur histoire personnelle et professionnelle dans une histoire collective en mutation.

Selon moi, l’accompagnement à l’orientation et à l’insertion va bien au-delà d’un simple appui technique. C’est une démarche profondément humaine, qui consiste à aider les jeunes à trouver leur place, à comprendre qu’ils ont un rôle à jouer dans la société et que le travail ne se réduit pas à des finalités matérielles, c’est aussi un vecteur d’émancipation, d’accomplissement personnel et de contribution au monde.

J’ai aujourd’hui la chance de voir les membres de mon équipe œuvrer chaque jour dans cette direction. Leur engagement, leur écoute, leur inventivité donnent vie à cette mission de service public, malgré les nombreux défis.

Et c’est précisément cette complexité qui rend notre travail si passionnant.

Aujourd’hui, quels sont les projets, les engagements qui vous tiennent à cœur ?

Plusieurs engagements me tiennent à cœur, tant sur le plan professionnel que personnel.

Sur le plan professionnel, je suis convaincue que l’orientation doit devenir l’affaire de toutes et tous et ne pas reposer uniquement sur quelques acteurs identifiés. Il est essentiel que l’accompagnement à l’orientation s’ancre davantage dans les disciplines dès le collège et au lycée. C’est d’ailleurs ce que nous contribuons à faire à la Sorbonne Nouvelle, à travers des dispositifs comme les Cordées de la réussite ou l’accueil de stagiaires de 3e, qui permettent de créer des passerelles concrètes entre les élèves et le monde professionnel.

Sur un plan plus personnel, mon projet est aussi de maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Avec des enfants bientôt autonomes, j’aspire à consacrer plus de temps à des activités qui me ressourcent, comme le contact avec la nature et les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Je m’investis notamment dans la protection des oiseaux : je suis bénévole dans un refuge où nous soignons et nourrissons des martinets blessés, avant de les voir reprendre leur envol pour les terres australes.

D’ailleurs, il n’est peut-être pas si surprenant que je sois attirée par ces petits oiseaux migrateurs qui, comme les élèves que nous accompagnons, ont parfois besoin d’un soutien temporaire pour mieux s’élancer vers leur avenir…
Type :
Portrait du personnel

mise à jour le 21 octobre 2025