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Lieux à la lettre : sur le lieu d’écriture. (Rencontres Panoramage autour des pratiques poétiques contemporaines suisses de langue française).

du 11 mars 2025 au 25 avril 2025

Exposition à l'occasion du colloque international Panoramage. État des lieux de la création poétique contemporaine suisse de langue française.


L’écritoire de François Debluë, 2024 © Schuler

Commissariat d'exposition : Marie Frisson, en collaboration avec la DIRVED


Préambule - Hommage à Alexandre Voisard (1930 - 2024)

Nous avons le plaisir de présenter à l'accueil de la Maison de la Recherche deux séries d’aquarelles extraites d’un ensemble de quarante-cinq Quadratures d'Alexandre Voisard réalisées dans les années 2000 (collection particulière).


Exposition Lieux à la lettre : sur le lieu d'écriture

Si Roger Martin du Gard écrivait, non pas face à la fenêtre, au Tertre [1], mais dos à elle, devant un mur couvert de deux cent portraits (gravés ou photographiés), encadrés et rangés en colonne [2], les visiteurs de cette exposition arpenteront plutôt une galerie de « portraits de lieux », présentés en l’absence de son habituel(le) habitant(e) : plus  exactement sous le regard de l’autrice ou de l’auteur qui a accepté de les dévoiler. Soit,  dix-sept prises de vue et quatre textes préparés par les invité(e)s des Rencontres Panoramage. Pratiques poétiques contemporaines suisses de langue française pour la Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle.
 
Depuis quel lieu et dans quel lieu écrit-on ? Est-il unique ou changeant ? Est-il fixe ou mobile ? Se situe-t-il en retrait ou dans le flux même du monde ? S’intéresser aux pratiques poétiques contemporaines suppose d’envisager également ces questions économiques et pragmatiques. Rassembler des autrices et des auteurs, afin d’esquisser un état des lieux [3] de la création poétique contemporaine suisse de langue française et de le partager avec le public des lectrices et des lecteurs présents et à venir, est l’occasion de s’interroger avec eux sur leurs habitus, même lorsque « tout endroit est bon pour écrire », selon les mots de Sylviane Dupuis qui fait l’éloge d’un « entre-deux » éligible comme lieu.
 
Scriptorium, écritoire, cabinet de travail, bureau, atelier : la pluralité des termes aujourd’hui disponibles pour qualifier le lieu d’écriture, et leur diversité sémantique, correspondent à un ensemble de représentations combinables et variables dans l’Histoire, dont la langue a conservé la trace. Mais si, comme le rappellent David Martens, Jean-Pierre Montier et Anne Reverseau, « (l’)iconographie de l’écrivain joue ainsi un rôle important dans la mise en valeur du littéraire », si « (s)a conversion en patrimoine culturel constitue l’une des modalités possibles »[4], il s’agit autant ici d’ajouter de  nouveaux éléments à cet imaginaire collectif, voire  à la « littéralisation de l’espace public »[5] que de lui appliquer un regard critique, tel que les chercheurs et les écrivains eux-mêmes le portent aujourd’hui sur les postures littéraires [6] et sur le monde de la poésie [7], pris comme « milieu »[8].
 
C’est ce que proposait, il y a quelques années, la réflexion du photographe Benoît Galibert dont le travail a inspiré ce projet et dont nous soulignons l’intérêt [9] : en livrant un aperçu de leur espace de travail, par l’image ou par l’écrit, les autrices et les auteurs invités ont accepté d’ébaucher avec  nous une réflexion sur ce que le lieu où ils écrivent signifie pour eux et sur ce qu’ils veulent bien en dire.


Nous remercions toutes les autrices et tous les auteurs d’avoir participé à cette enquête.
Nous remercions également la famille d’Alexandre Voisard et le collectionneur privé détenteur des Quadratures de nous avoir transmis les copies des œuvres et de nous avoir autorisés à les dévoiler en grand format.
Marie Frisson
 

[1] Château du Tertre (Sérigny, Orne), propriété de Roger Martin du Gard (1881-1958), racheté en 1925 à son beau-père.
[2] Jean-Pierre Prévost, Le Bureau de Roger Martin du Gard au Tertre. Les amis de l’écrivain, Paris, Orizons, 2018, p. 26.
[3] Cette formulation juridique a été repris par Pierre-Alain Tâche pour un ensemble de quatre recueils, de L’État des lieux (1998) à Changer
d’air
(2023) qui veulent saisir le réel dans sa profusion comme autant d’instants de rencontre avec les choses et les lieux.
[4] D. Martens, J.-P. Montier, A. Reverseau, L’Écrivain vu par la photographie. Formes, usages, enjeux, Rennes, P. U. R., 2017, p. 279.
[5] Ibid.
[6] Voir les études de Jérôme Meizoz sur la question dont : Postures littéraires. Mises en scène modernes de l’auteur, Genève, Slatkine, 2007.
[7] Christophe Hanna, « Logique de l’anecdote », Cyrille Martinez, Le Poète insupportable et autres anecdotes, Paris, Questions théoriques,
coll. « Forbidden Beach », 2017, p. II.
[8] Nathalie Quintane, « Cyrille Martinez, Le Poète insupportable et autres anecdotes », Sitaudis, janvier 2018.
[9] Benoît Galibert, Au lieu d’écrire (2014-2018)


Type :
Exposition
Lieu(x) :
Maison de la Recherche - 4 rue des Irlandais - 75005 PARIS

mise à jour le 21 février 2025