Présentation
		LITTéPUB est un projet interdisciplinaire  s’appuyant sur un socle littéraire fort. Il associe une démarche  patrimoniale, interprétative et éditoriale dans la perspective inédite  d’une histoire croisée de la littérature et de la publicité en France  depuis l’avènement de la réclame, à la fin de la Restauration, jusqu’à  la révolution numérique et à la « communication de marques ». Le projet  se propose d’étudier ce qu’on appelait la « publicité littéraire » dans  les années 1920 :  
 
    - la publicité calquée sur les modèles et les genres littéraires  et/ou faite par les écrivains eux-mêmes (de manière anonyme ou signée –  par les plus grands noms de la littérature : Hugo, Coppée, Richepin,  Valéry, Colette, Cocteau, Claudel, Giono…),
- et la promotion publicitaire du livre, des œuvres et de leurs auteurs.
Cette polysémie est significative des rapports de promotion  réciproque qui se sont instaurés dès le XIXe siècle entre les marques  commerciales et l’auteur comme « image de marque », évolution  indissociable de la sacralisation médiatique de l’écrivain amorcée avec  l’essor de ce que Sainte-Beuve nommait dédaigneusement la « littérature  industrielle ».
Le projet entend également articuler ce pan oublié de l’histoire  littéraire et de l’histoire de la publicité à l’émergence concomitante  d’une « littérature publicitaire » qui réagit en temps réel à  l’avènement de la civilisation marchande et de la société de  consommation, aux mécanismes et à la rhétorique de la « propagande »  commerciale et médiatique. Les prenant tantôt pour cible polémique  (Balzac, Villiers de l'Isle-Adam, Duhamel, Bernanos), tantôt pour modèle  de révolution poétique (Cendrars, Fargue, Mac Orlan) ou encore comme  objet de mises en fictions romanesques ou théâtrales (Pérec, Beauvoir,  Salacrou, Vinaver), la littérature n’a cessé de contribuer au débat  suscité par la collusion de la « littérature pure » et de la «  littérature pour ». Faite de fascinations et de rejets, d’emprunts et de  mises à distance, de compromis esthétiques et d’adhésions stratégiques à  une nouvelle forme de mécénat, l’histoire des relations entre  littérature et publicité est révélatrice de la rivalité ambiguë qui  s’est instaurée, du XIXe siècle jusqu’à nos jours entre l’écriture  considérée comme sacerdoce ou comme un simple négoce. Les  représentations complexes, au gré desquelles elles se sont définies  l’une par rapport à l’autre, n’ont cessé d’évoluer sur le mode d’une  complicité conflictuelle dont l’histoire reste à retracer.  
LITTéPUB prévoit donc un inventaire du patrimoine fragile et  éphémère de ces innombrables textes de « publicité littéraire » afin  d’en assurer, pour une part, la sauvegarde numérique, avec le concours  de la Bibliothèque Interuniversitaire de Santé, de la bibliothèque  Forney, de l’IMEC et de la Bibliothèque Nationale Suisse. La  coordination des travaux sera assurée par un site collaboratif,  permettant également de rendre publics et visibles les documents sources  et les publications de l’équipe. Telle est l’ambition première ce  projet qui, à partir de l’exhumation d’un corpus raisonné et  significatif, vise à s’interroger sur les supports, les formes, la  nature et la diffusion de ces innombrables textes, insolites, inventifs  et souvent improbables, afin de mieux comprendre les raisons pour  lesquelles ils ont été occultés, tant par l’histoire littéraire que par  celle de la publicité. L'équipe interdisciplinaire et internationale de  LITTéPUB se compose de spécialistes de la littérature française et  francophone (Belge, Suisse), italienne, d’historiens du commerce, de  sociologues de la culture et de chercheurs en information et  communication. Elle entend restituer à l'histoire culturelle des deux  derniers siècles un chapitre fondamental de son histoire, directement en  prise avec les ambitions actuelles des humanités numériques et des  recherches sur l’intermédialité.